Sarkozy à Kinshasa pour défendre son plan de paix pour la RD Congo
Jeudi 26 mars, AFP, Philippe ALFROY
Imprimer Le président Nicolas Sarkozy est venu défendre jeudi à Kinshasa ses propositions de paix, très controversées sur place, en vue d'un règlement du conflit qui ravage depuis des années l'est de la République démocratique du Congo (RDC).
Première étape d'une mini-tournée qui le conduira jeudi au Congo voisin et vendredi au Niger, M. Sarkozy a été accueilli jeudi matin au Palais national par le président congolais Joseph Kabila, avec lequel il s'est rapidement retiré pour un entretien.
Avec son homologue d'abord puis, publiquement, devant le Parlement congolais, le chef de l'Etat français veut profiter de son séjour éclair sur la rive gauche du fleuve Congo pour lever les malentendus suscités par sa sortie sur la "coopération régionale" dans l'Afrique des Grands lacs.
Devant un parterre d'ambassadeurs étrangers, il avait esquissé en janvier une "nouvelle approche" de paix dans la région en suggérant sans détour un "partage" de "l'espace" et des abondantes "richesses" minières dont regorge "l'immense" Congo avec le "petit" Rwanda voisin.
Ces propos ont été peu goûtés à Kinshasa, qui y a vu une tentative de démembrement de son territoire.
Pour calmer le jeu, le président français a été contraint de rappeler dans la presse locale son attachement à "l'intangibilité des frontières" de l'ex-Zaïre et renoncé à son idée d'exploitation conjointe des ressources du Kivu sur le modèle européen.
"Il n'y a pas de plan français de paix, pas de plan de partage des richesses, ce n'était pas opportun", a tenu à insister la présidence française à la veille de la visite. "Le président veut simplement indiquer que, pour une paix durable, il faut accélérer la coopération régionale", a-t-on ajouté.
Nicolas Sarkozy devait ainsi détailler jeudi devant ses hôtes une série de "projets pratiques" en matière d'énergie ou de transports.
En plus de rassurer l'opinion, le chef de l'Etat français veut manifester à Kinshasa son soutien à Joseph Kabila, qui a su s'entendre avec Kigali pour lancer le 20 janvier une opération conjointe antre les armées rwandaise et congolaise pour pacifier l'est du pays.
Pour avoir critiqué cette opération, le président de l'Assemblée nationale congolaise Vital Kamerhe, membre de la majorité présidentielle, a été forcé de démissionner mercredi, à la veille de l'arrivée de M. Sarkozy.
"Le président Kabila a pris des risques en acceptant courageusement l'aide du Rwanda pour lutter contre les rebelles hutus", fait-on valoir dans l'entourage du président français, "il ne faut pas s'arrêter là et engager une véritable coopération régionale".
Pour ménager les susceptibilités locales, Paris a aussi démenti tout lien entre son soutien à la coopération Kinshasa-Kigali et un éventuel "marchandage" sur la route d'une réconciliation franco-rwandaise.
"On promettrait tout l'or de la RDC au Rwanda que ça n'y changerait rien, nos problèmes avec le Rwanda sont de nature judiciaire", dit-on à l'Elysée.
Le Rwanda du président tutsi Paul Kagame a rompu ses relations diplomatiques avec la France à la suite de l'enquête du juge français Jean-Louis Bruguière, qui l'accuse d'avoir fomenté l'attentat contre son prédécesseur hutu Juvenal Habyarimana, coup d'envoi du génocide qui a causé en 1994 plus de 800.000 morts essentiellement dans la minorité tutsie.
Plus terre à terre, Nicolas Sarkozy, escorté d'un groupe de patrons, veut aussi profiter de son passage à Kinshasa pour doper l'anecdotique présence économique tricolore dans le plus grand pays francophone du monde.
Après le déjeuner, il doit traverser le fleuve Congo pour une visite "d'amitié" à Brazzaville, allié traditionnel de Paris dans la région, avant de gagner vendredi le Niger.
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